Voici le témoignage inspirant de Caroline, rencontrée à Vancouver, qui a décidé d’accomplir un de ses plus grands rêves cette année : celui de faire une partie du chemin de St-Jacques de Compostelle ou le « Camino » (pour les intimes ;-)) plusieurs semaines.
La voyant partager son récit de voyage avec des yeux pétillants, j’avais vraiment envie de vous en faire part. Elle nous explique ses raisons d’être partie, ses moments heureux et plus difficiles, et son conseil
pour aller de l’avant.
Suivre ses rêves et ses envies profondes (voyager, faire de la musique, être à son compte etc.) demande de quitter sa zone de confort… rien de tel que d’être inspiré par ceux qui l’ont fait pour se mettre en… chemin !
1. Pourquoi as-tu choisi de marcher le chemin de St-Jacques de Compostelle ?
J’avais besoin de faire un break, comme mettre ma vie sur pause et me détacher du quotidien pour prendre du recul.
Besoin d’avoir le temps… de prendre du temps.
En 5 ans au Canada, je n’ai pas pris beaucoup de vacances et j’ai ressenti le besoin d’avoir le temps de prendre le temps, de penser à ma vie avec une autre perspective. Aussi cette année, j’ai 40 ans et je voulais vraiment faire quelque chose qui me marquerait.
J’ai toujours lu beaucoup de livres de voyages, j’écoute régulièrement des podcasts de personnes qui relèvent des défis, qui vont “au bout d’eux-mêmes” pour aller au bout de leur projet (comme faire le tour du monde, à pied, en vélo, à voile etc..).
J’ai réalisé comme une évidence que c’est ce que j’allais faire pour mes 40 ans: marcher pendant plusieurs semaines, apprendre, …
aller plus loin que ma limite de confort pour découvrir mes vraies forces et faiblesses, mes vraies envies et vrais besoins.
2. Quelle était ta situation avant de faire ce voyage ?
Avant le départ, j’étais assez stressée et fatiguée par les horaires de travail, le manque de soleil et de sommeil. Je me sentais comme piégée dans le quotidien, frustrée de ne plus être capable de prendre du recul. Les jours s’enchainaient trop vite, les journées étaient trop remplies de petites choses qui m’éloignaient de ma vraie personne, je ne savais plus vraiment qui j’étais et ce que je voulais faire à moyen / long terme. J’avais l’impression de vivre en surface, toujours stressée, je n’avais pas vraiment de but.
3. Avais-tu des peurs, qui auraient pu te bloquer pour aller de l’avant ? Si oui, lesquelles ?
Oh oui, j’ai eu beaucoup d’hésitations! Avant le départ surtout.
Vraiment, c’est une bonne idée ? C’est pas un peu trop physique pour moi? Et comment je vais manger? Et si je n’arrive pas a dormir? dormir… l’angoisse! Si je ne dors pas , je ne tiendrai jamais!! Alors si je mange mal ET que je dors mal, c’est CERTAIN, je n’y arriverai pas. et si je me blesse? et si , et si et si…
J’ai eu peur de devoir affronter ma défaite si je n’y arrivais pas.
Ça a été ma plus grande peur, si je devais abandonner, qu’allais-je penser de moi-même? J’ai toujours eu un complexe d’infériorité par rapport aux autres, je doute souvent de moi même à cause de ça et il m’arrive de me décourager avant même d’avoir essayé
4. Comment as-tu fait pour dépasser tes peurs ?
La réalité est qu’avec des “si” on ne va pas très loin; avec des “si” je reste dans ce que je connais, ce qui est confortable, pas de danger et en fait, je n’apprends rien.
Ma volonté de vivre une expérience extraordinaire a été plus forte que mes tous ces “et si…”
Pour surmonter ma peur de l’échec, j’ai repensé à toutes ces histoires d’aventuriers que j’avais lues, ils ont tous connu ces angoisses et ces peurs, ils les décrivent assez bien dans leur récits de voyage, quelle que soit l’expérience ou l’age ou la condition physique que l’on a. Je me suis rendue compte que je suis un être humain comme les autres et que mes peurs sont “normales” et légitimes. S’ils sont partis quand même et ont surpassé leurs angoisses, alors je peux le faire aussi.
Si des millions de pèlerins sont arrivés jusque Compostelle, je devrais bien être capable aussi. A un moment donné, il faut y croire et arrêter de se poser des milliers de questions, c’est tout.
Quand une hésitation arrivait dans mon esprit je faisais l’effort de la rejeter au lieu de la laisser s’installer.
Petit à petit, les hésitations, angoisses, peurs se sont dissipées et je savais au fond de moi que j’allais y arriver. Une amie m’a écrit avant le départ:
“Si tes rêves ne te font pas peurs, ils ne sont pas assez grands”
Cette phrase m’a accompagnée pendant tout le chemin et a été un moteur qui m’a fait ne pas m’arrêter.
5. Qu’est-ce ce voyage t’a apporté ?
1. J’ai définitivement plus confiance en mes capacités physiques, je sais que mon corps est une machine merveilleuse qui m’emmène où j’ai décidé d’aller. Malgré le manque de sommeil la plupart des nuits, et oui! En fait, il ne s’agit pas d’une compétition, le but n’est pas d’y arriver à tout prix, mais d’aller à son rythme. Le mien est lent, et alors? Je partais toujours avant tout le monde pour arriver bien souvent après les autres, et alors? Le principal est que je suis arrivée à l’étape et c’était une belle victoire quotidienne. Cela dit, j’ai eu de la chance de ne pas avoir d’ampoules !
2. Plus important, j’ai réalisé que le corps n’est que l’instrument de mon esprit. L’esprit, le moral, la volonté sont les plus grands moteurs de chaque être. Le plus important est de garder sa motivation et de continuer et…
Plus tu continues, plus tu es motivé à continuer, il faut « juste » rester en mouvement.
J’ai réalisé ça dans les moments les plus difficiles, dans le froid, la pluie, le vent, ces moments où il aurait été facile de laisser tomber. Alors je faisais une petite pause pour me réchauffer/me reposer un peu et retrouver ma motivation puis ensuite continuer.
Depuis mon retour, je sais que JE suis ma seule limite et…
je suis capable de faire tout ce que je veux entreprendre, que ce soit au niveau professionnel, personnel, amical etc.
Mes rêves ne sont plus que des rêves, je peux les faire devenir réalité !
3. Une grande envie de prendre les choses plus lentement, arrêter de courir tout partout sans but mais de s’arrêter et prendre le temps de ce qui est important, ce qui est nécessaire. Comme par exemple, ne plus avoir Facebook sur mon téléphone et passez tant de temps à regarder la vie des autres mais appeler mes amis et avoir des vraies conversations.
6. Un moment qui restera gravé ? (et pourquoi)
C’était l’avant-dernier jour de marche. Mon but n’était pas de m’arrêter à Compostelle,
mon but était d’atteindre la mer, d’aller plus loin que la ville mythique.
Compostelle est un lieu d’arrivée pour la majeure partie de pèlerins. Pour moi ça a été une étape, je savais que je voulais continuer. Une centaine de kilomètres séparent Compostelle de Fisterra, qui symbolise la fin de la terre, la fin du pèlerinage car lorsqu’on arrive à Fisterra, il n’y a plus de terre, on ne peut pas continuer.
La mer est aussi pour moi importante car l’entendue infinie m’apporte sérénité et apaisement; l’horizon inconnu offre de la place de la réflexion, des rêves et de se dire que tout est possible. La mer! Je l’ai tant imaginée, j’en ai tant rêvé pendant tous ces jours sur le Camino!
Le moment le plus marquant a été l’instant où j’ai vu la mer pour la première fois. J’étais sur un plateau, dans la nature, entre les pins et le ciel, seule, il faisait chaud, j’avais déjà marché une vingtaine de kilomètres ce jour-là et elle était là! La mer!! J’ai été traversée d’une onde d’émotion à cet exact instant. Ma récompense était là devant moi, la mer. La fin de mon Camino.
J’ai éprouvé un grand apaisement et une énorme fierté de mon accomplissement, comme une libération.
Ça a vraiment été le moment le plus fort pour moi; toutes mes barrières et tous mes doutes sont tombés à cet instant précis, comme si je me débarrassais d’une peau qui appartenait à une vie d’avant et que je respirais pour la première fois.
7. Des obstacles ou défis en chemin et comment tu les as dépassé ?
– La barrière de la langue! Je ne parle pas espagnol, les petits commerçants sur le chemin ne parlent pas anglais ou français. Des signes et des sourires m’ont tiré d’affaire!
– Le manque de sommeil dans les dortoirs bruyants… Vive les bouchons d’oreilles. Et aussi on apprend la patience!
– La pluie: 1h ça va, 1 jour on gère, au delà, ça devient difficile et ça atteint le moral! Mon remède a été les lettres de mes amis avec leurs mots d’encouragements, une douche bien bien chaude, un bon diner et les copains du Camino pour une bonne rigolade !
8. Une ou deux rencontres qui t’ont marquée(s) sur ce chemin et pourquoi ?
– J’ai passé une soirée avec Jean Michel et il m’a raconté sa vie. Il avait perdu son emploi et ne savait plus quoi faire de sa vie, il n’en avait aucune idée. Alors il a pris ses chaussures et un sac à dos et a décidé de marcher sur le Chemin. Quand je l’ai rencontré il marchait depuis 3 ans à travers l’Europe. J’ai beaucoup aimé la simplicité de nos échanges à coeur ouvert, de sa détermination à continuer à avancer (au lieu de s’apitoyer sur son sort de chômeur sans but?), de sa grande humanité aussi.
– J’ai été très touchée par le fonctionnement d’une « albergue » (auberge) dans laquelle je suis restée un soir. Cette auberge est un “Donativo », c’est a dire qu’elle ne fonctionne que par donations et grâce au bénévolat; les Donativos offrent généralement un lit, le diner et le petit déjeuner. Ce Donativo était assez petit, très simple mais grandiose par la générosité des bénévoles qui étaient à l’écoute des pèlerins, ont proposé une moment de méditation et de réflexion, un diner extraordinaire dans le réfectoire, ce qui créaient une cohésion de groupe parmi les pèlerins, on discutait, on rigolait en racontant des anecdotes autour d’une grande tablée, c’était magnifique! Tout le monde était heureux et semblait oublier les tracas quotidiens du Camino.
9. Un conseil pour tous ceux qui souhaitent aussi aller de l’avant ?
Allez-y! Arrêtez de vous poser 36.000 questions, de vouloir intellectualiser tout, de vouloir tout décortiquer et comprendre.
Laisser de la place à l’imprévu et à la chance. L’Univers est là pour vous et avec vous. Ça va bien aller.
Il y aura des moments difficiles, des moments de doute, c’est normal.
10. Ton prochain rêve, projet ou voyage ?
Je veux avancer dans ma vie professionnelle, avoir différentes responsabilités, utiliser mon potentiel et mes qualités pour diriger une équipe, monter des projets, etc.. C’est important pour mon développement personnel, mon épanouissement aussi !
Je veux aussi passer plus de temps dehors, prendre des cours de couture, passer du temps avec les amis, faire du yoga un peu plus, m’impliquer dans des associations, etc…
Mais bon… Une chose après l’autre, pas de stress, c’est comme sur le Camino, …
Un pas après l’autre, garde ton attention sur le but et tout se met en place de soi-même.
Le prochain grand voyage, je ne sais pas encore même si j’ai des idées en tête 😉
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